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Maurice, terre d’épices

Elles évoquent, depuis la nuit des temps, l’exotisme de contrées lointaines. A la fois produit de luxe et monnaie d’échange unique, les épices ont été un objet de fascination depuis que son commerce s’est développé, au Moyen-Orient, il y a plus de 4 000 ans.

 

L’histoire d’amour entre Maurice et les épices doit beaucoup à la découverte de la route des Indes par le navigateur portugais Vasco da Gama, qui a ouvert la voie au développement du commerce maritime entre l’Europe et l’Asie. Si Pierre Poivre est connu pour avoir introduit la culture des épices à Maurice, l’histoire a retenu que des artisans indiens venus de Pondichéry et de Karraikal, et voyageant à bord du vaisseau La Sirène, portaient avec eux des épices, ainsi qu’un savoir-faire millénaire qui allait façonner la cuisine mauricienne.

Lorsque Pierre Poivre lance la culture de poivre, de girofle, de muscade et de cannelle à Maurice, il bénéficie du développement rapide de l’économie mauricienne sous le Gouverneur Mahé de Labourdonnais, ainsi que de la position de l’île dans le bassin de l’océan Indien, à proximité des voies commerciales, ce qui en fait une escale incontournable sur la fascinante route des épices.

Plus tard, avec l’abolition de l’esclavage, les travailleurs engagés ont débarqué en grand nombre. Venus principalement du nord de l’Inde et de la Chine, ces migrants avaient dans leurs bagages d’autres épices traditionnellement utilisées chez eux. C’est ainsi que le safran, le curcuma, le piment et l’anis étoilé sont apparus dans l’île. Aujourd’hui, outre ces épices, un plat typique comprend une combinaison de fenugrec, de cardamome, de cannelle, de clous de girofle, de poivre, d’ail et de gingembre.

Au-delà de leurs qualités gustatives, les épices possèdent des propriétés médicinales qui ont façonné les médecines traditionnelles dans toute l’Asie. Alors que le monde profite des effets miraculeux des épices et des herbes par le biais de l’Ayurveda ou des remèdes traditionnels chinois, d’autres thérapies existent, comme la médecine Siddha, dont les racines, à Maurice, remontent à l’arrivée du premier contingent de travailleurs indiens, le 4 mars 1729.

Beaucoup de plats venant du sud de l’Inde contiennent d’ailleurs un savant mélange d’épices et d’herbes aux propriétés antibactériennes, antiallergies, et régulatrices du diabète et du cholestérol.

 

Objectif : contourner l’Afrique

L’Europe a toujours été avide d’épices, ce symbole de luxe par excellence. On en raffole dans la cuisine et on leur attribue mille pouvoirs curatifs. La course aux épices, qui dure des siècles, va saigner le continent, mais va également lui faire découvrir le monde, puis le conquérir.

Personne n’imagine pourtant contourner l’Afrique. Ce sera chose faite, en 1498, quand Vasco da Gama passe le cap de Bonne-Espérance et parvient à atteindre Calicut, au Kerala. La toute nouvelle voie maritime va redéfinir la route des épices et les escales en route pour l’Orient. Il n’y a plus de raison, dès lors, de se courber devant les intermédiaires vénitiens ou les fournisseurs de Beyrouth ou du Caire.

 

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